Galerie marcophile coopérative
J'avais, en Décembre 2005, évoqué dans ce même blog tout l'intérêt que je porte à l'histoire postale de l'économie sociale. Divers correspondants m'ont demandé des précisions : de quoi s'agit-il ? de quels objets ? de cartes postales, peut-être ?
Des cartes postales on peut passer aux jetons, ou aux carnets sur lesquels les sociétaires des coopératives de consommation collaient leurs points au fur et à mesure de leurs achats. Tout ceci ne manque pas de charme, mais cela relève de l'érinnophilie, non de la marcophilie. Que voilà, n'est-ce pas, des mots savants qui en mettent plein la vue ?
Voici donc quelques explications. L'histoire postale englobe l'étude de tous les objets qui ont circulé par la poste ; la marcophilie en est une branche, qui traite des oblitérations. Mais ces définitions ne sont pas labellisées, et connaissent de fréquentes extensions. Par exemple, des objets qui n'ont pas circulé, mais qui étaient conçus pour le faire, rentrent dans le champ s'ils présentent des caractères distinctifs particuliers.
Ainsi de cet "entier postal" réalisé sur commande pour les grands magasins coopératifs Army & Navy. Le type de l'effigie de la reine Victoria nous apprend qu'il a été imprimé en 1897 ou 1898. C'est un bon de commande préalablement affranchi (nous le voyons au verso), prêt à être mis à la boîte après avoir été rempli.
Les trois colonnes de droite sont réservées aux prix, en livres, shillings et pence ; et on remarquera l'aronbas en tête de la troisième colonne, ce qui prouve si besoin était que ce signe n'a pas attendu nos adresses Internet pour exister ! Vraisemblablement, la colonne correspondante devait recevoir les références des articles, leur numéro au catalogue. Chez les typographes, le @ (aronbas signifiant "A rond bas de casse") se disait "ad", en bon latin, véhiculant une idée de destination, de mouvement : on va chercher la référence de cet article "ad" tel ou tel numéro du catalogue.
Plus près de nous, voici une grande enveloppe, de 275 millimètres sur 180, utilisée par le Magasin de Gros pour expédier ses prix courants.
Le timbre est perforé des trois lettres MDG ; cette pratique était en usage dans diverses entreprises, pour éviter les vols de timbres. L'oblitération est du 19 Juin 1925 ; le tarif est celui des imprimés urgents de 50 à 100 grammes. Le Magasin de Gros a certainement expédié des quantités énormes de ces enveloppes… dont il ne reste sans doute pas beaucoup de survivantes. Si vous en trouvez dans votre grenier, dans une brocante ou dans les archives de la coopérative dont vos grands parents étaient sociétaires, faîtes moi une offre, je saurais me montrer généreux…
Encore plus près de nous, voici deux pièces des années 50, à mon sens la période où les cartes, lettres et timbres sont les plus agréables à l'œil.
La première est une déclaration bimensuelle de stocks de céréales ; le timbre qui représente une léproserie en AEF est oblitéré par une flamme "concordante" : mangez du pain, vous vivrez bien.
La seconde est une enveloppe, avec également un timbre philatélique (c'est à dire qui n'est pas une Marianne) ; cette fois c'est l'électrification de la ligne de Valenciennes à Thionville, symbole du charbon et du minerai de fer français.
Nous faisons là un double plongeon dans des industries aujourd'hui disparues, puisque la flamme nous apprend aussi que Besançon est la "capitale de la montre française". Le tarif est à 12 francs : c'est celui des factures sous enveloppe, au même prix que les cartes postales (la lettre ordinaire était alors à 15 francs). Dans les deux cas, l'en tête coopérative nous fait revivre le monde de l'agriculture franc-comtoise ; les documents sont nets, colorés, vraiment très plaisants.
Voici donc quelques joyaux de ma petite collection d'histoire postale coopérative, qui ne demande qu'à s'agrandir !
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