Economie Sociale

Coopératives, Mutuelles, Associations, Fondations : Histoire, Statistiques, Gouvernance, Prospective...
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18 septembre 2005

Ateliers Nationaux associatifs

Une dépêche laconique, glanée sur le site "Profession Politique" et datée du 14 Septembre, nous apprend que :

"Le Ministre des Sports, Jean-François Lamour, compte créer 45.000 emplois dans les associations grâce à la loi Borloo, d'ici le premier semestre 2006. Les emplois aidés sont actuellement les seuls responsables de la légère décrue du chômage".

La seconde phrase étonne par son caractère fielleux, venant d'un site aussi politiquement correct et dévoué au service de la partitocratie. Mais ce n'est pas là notre propos.

Pour situer les enjeux, les associations du sport emploient actuellement 65.000 salariés permanents. En comptant les petits boulots et les vacations, on arrive à 160.000 postes de travail sur l'année, dont la majorité ne sont que des activités d'appoint. Y ajouter en quelques mois 45.000 emplois aidés relève de la pure fantaisie. Ou alors, ce que la dépêche ne dit pas, il ne s'agit pas du sport, mais de la "vie associative" en général, qui fait également partie des attributions de M. Lamour. Où commence, ou s'arrête le périmètre d'activités sur lequel il entend intervenir ? On attend avec intérêt d'en savoir plus.

Si M. Lamour sait parfaitement compter les touches dans un tournoi d'escrime, il semble être brouillé avec les chiffres en dehors des salles d'armes. On se souvient de son zèle à fêter la "millionième association française" avec le sérieux et l'exactitude mathématique d'un présentateur télé annonçant sur le plateau le "millionième baiser" du mois à Paris.

Il reste que pour le public qui reçoit cette annonce, l'association se voit enfermer dans un rôle de relais passif d'un Etat Providence au rabais, transformant l'argent prélevé sur le contribuable en "emplois" de second rang. Ils sont bien loin, les principes d'autonomie vis à vis de l'Etat, de liberté d'adhésion, de dévouement, de générosité et de bénévolat. Et comment demander ensuite à des structures ainsi instrumentées de bien vouloir, cerise rouge sur le gâteau, créer du "lien social" ?

Ce débat récurrent a fini par pourrir profondément et durablement le climat dans lequel le citoyen perçoit les associations. Pour en sortir, il faudrait de la part de nos dirigeants un grand sens de la mesure et des responsabilités, mais certainement pas de ces pétarades péremptoires et électoralistes.